Depuis 75 années, le réseau international Nuffield stimule la curiosité et la passion pour l’agriculture de ses membres ! Chaque année, lauréates et lauréats de la bourse Nuffield partent dans le monde entier chercher des réponses à une problématique qui leur tient à cœur. Pendant deux ans, ils ont ainsi la possibilité de vérifier leurs hypothèses sur le terrain, de faire de belles rencontres et de partager des solutions agronomiques, environnementales et sociétales, originales, étonnantes parfois… stimulantes toujours !

Le 19 janvier, Marjorie Lambert, Agnès Deleforterie et Anne-Flore Wiel et Arnaud Charmetant présentaient leur recherche pour clôturer leur cycle d’apprentissage.

Quatre projets, quatre parties du monde, quatre enjeux agricoles :

Agnès Deleforterie s’est interrogée sur le rôle de l’agriculture de proximité, l’agriculture urbaine comme outil reconnexion entre gens des villes et ceux des campagnes.

Ce que j’ai retenu :  

L’agriculture urbaine, c’est autre chose qu’un gadget pour bobo !  Avec 3 jours de stocks alimentaires en réserve pour une grande ville, cette agriculture à portée de main peut aussi se révéler une ressource essentielle.

Alors même que 80 % de Français vivent en ville, elle se révèle comme une « véritable » agriculture de proximité … D’une part, elle permet une meilleure compréhension des cycles de production et du temps, nécessaire à la culture ; d’autre part, elle permet de recréer du lien entre ceux qui cultivent et les mangeurs, qui apprennent à leur tour à cultiver.

Un petit bémol ? Du fait même de son positionnement alternatif, l’agriculture urbaine ne présente pas aux citadins un catalogue exhaustif de tous les modes de production, notamment intensive… De même, difficile de montrer différents modes d’élevage eu égard à son installation sur les toits des immeubles principalement…

Marjorie Lambert a observé dans plusieurs pays d’Amérique du Sud la conduite de projets complexes, notamment pour favoriser l’abandon de la culture de coca pour le café par exemple. Son objectif ? Relever des pratiques innovantes pour trouver des solutions durables pour des installations et des filières résilientes.

Ce que j’ai retenu :

La réussite des projets agricoles est soumise à de nombreuses conditions exogènes et endogènes. Parmi les premières, la méconnaissance des citadins envers l’agriculture et ses enjeux, amplifiée par l’éloignement physique et social entre gens des villes et ceux des campagnes, joue un rôle central, cette déconnexion empêchant souvent les ponts de se créer facilement autour d’un projet territorial et agricole. Endogènes aussi, car la multitude des projets contient en soi les germes d’une atomisation des potentialités et le risque d’une perte de mobilisation des parties prenantes.

Les facteurs clés de succès de tout projet ?  La capacité à impliquer, dès le départ, l’ensemble des  partenaires du projet.

Trois points de vigilance ont été relevés par Marjorie pour coconstruire un projet :

  • Le volet communication, c’est-à-dire « bien » communiquer autour du projet
  • Prendre en compte dès le départ les sources de blocages en termes d’acceptabilité sociétale
  • Identifier très tôt les risques pour chaque partie prenante.

Flore-Anne Wiel s’est attachée à un sujet qui la passionne : l’installation agricole et la transmission, deux sujets étroitement liés. En prenant comme référence la société agricole japonaise, dont la pyramide d’âge est encore plus défavorable qu’en France, Flore-Anne souligne que le renouvellement des générations agricole concerne la société et pas seulement le secteur agricole.

Ce que j’ai retenu :

  • La non-transmission de l’activité agricole implique la perte vraisemblable des savoir-faire
  • La transmission passe par le mimétisme, induit par l’imbrication de l’activité agricole et de la vie quotidienne. Pour autant, la viabilité des micro-fermes n’est pas évidente.
  • Le recours général à la pluriactivité permet de conserver un maillage agricole essentiel car celui-ci
    • rapproche de fait, les univers de consommation et de production
    • favorise l’accès naturel au métier agricole, qui ne se trouve pas enclavé loin des villes, loin des yeux
    • facilite son attractivité par l’interconnexion des personnes
    • stabilise le revenu agricole des productrices et des producteurs

Enfin, Arnaud Charmetant a mis en lumière les usages et les performances du semi direct avec couverts végétaux et élevage (moutons) dans le but de créer un écosystème vertueux sur des exploitation importantes.

Anne Dummonet-Leca