Recharger ses batteries est une expression familière pour désigner un temps de pause dans sa vie. Parfois, c’est notre corps qui nous le rappelle, lorsque nous présumons de nos forces. Or, pourquoi attendre la dernière limite ? Ménager ses forces est essentiel pour rester efficace dans sa vie professionnelle et personnelle. C’est précisément l’objectif du parcours “L’agriculture, terre d’entrepreneur.e.s”, un programme pour prendre soin de soi afin de vivre mieux et sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Partons à la rencontre de ses deux co-fondatrices, Anne Marquant et Fabienne Cottret.

Petite-fille d’agriculteurs, Anne Marquant a créé avec son mari dans le Finistère, un concept de magasin en circuit court avec des producteurs locaux. Depuis 2016, celle-ci s’est reconvertie dans le développement personnel et la réflexologie. Anne accompagne des hommes et des femmes en suivi collectif et individuel.

Diplômée de l’institut Agro Rennes-Angers, Fabienne Cottret a occupé différents postes dans des organisations et des entreprises du monde agricole avant de devenir facilitatrice en intelligence collective et coach. Depuis février 2021, elle a co-fondée avec Anne Marquant ce parcours porté par l’association “Paroles en agriculture”. Elle est également co-autrice et illustratrice du livre “Cultiver le Vivant – l’agriculture pour inspiration”.

VD : Anne, Fabienne, comment vous est venue l’idée de créer le parcours “L’agriculture, terre d’entrepreneur.e.s” ?

Anne Marquant : « J’ai croisé deux fois ce qu’on peut appeler le burn-out, même si je n’aime pas trop ce mot là… On va dire deux grosses périodes d’épuisement professionnel et personnel. Grâce à cette pause forcée, j’ai pris conscience de mon corps, j’ai appris à respirer… Je suis parvenue à faire la reconnexion entre ce dont j’avais vraiment envie, ce qui faisait sens pour moi et aussi ce que j’étais capable d’entreprendre.

Ce qui m’anime donc le plus c’est d’accompagner les personnes dans les organisations et les collectifs à prendre conscience de leur corps, à les aider et parfois, initier, de mettre juste une petite graine pour que « cela vienne faire le reste », initier cette conscience du corps, car nous avons tous cette capacité en nous, quel que soit le moment, d’aller activer nos ressources de façon très simple et au quotidien ».

VD : Fabienne Cottret, comment a évolué le concept de cette formation ?

« Au départ, c’est le sujet du féminin dans l’agriculture qui nous a réuni. Nous souhaitions avant tout permettre à l’humain de s’exprimer et nous étions centrées sur l’accompagnement des femmes dans l’agriculture… pour qu’elles aient un espace pour être. Et puis cela a évolué. On s’est rendu compte que le bien-être, dans notre interprétation, était étroitement lié à la posture d’entrepreneur, c’est-à-dire celui ou celle qui se met en action dans sa vie pour aller là où il a envie d’aller.

Ce qui nous pousse aujourd’hui, c’est l’envie de permettre aux femmes et aux hommes qui travaillent en agriculture, d’améliorer cette posture de dirigeants et de dirigeantes qui est la leur. D’autant que cette posture n’est pas forcément valorisée dans le monde agricole… En outre, la notion de « bien-être » et la conscience de soi pour être en capacité d’affronter certaines difficultés du monde agricole, ce n’est pas quelque chose de naturel et qui trouve une réelle place dans le secteur. C’est même encore tabou ! »

VD : Comment se déroule le parcours « L’agriculture, terre d’entrepreneur.e.s » ? Quels sont ses objectifs ?

« Notre parcours a pour vocation d’accompagner les chefs et cheffes d’entreprises agricoles, mais aussi leurs conjoint.e.s, et les personnes reliées au monde agricole à avoir la capacité de prendre du recul face à certaines difficultés du monde agricole et de leur activité spécifique. Cela passe par proposer des outils concrets, simples et faciles à réutiliser, accessibles à tous, quelle que soit la charge de travail quotidienne et la personne ».

???? Les séances durent 2h et sont espacées de 3 semaines. « Ces trois semaines servent aussi de temps de compostage : elles permettent à la séance de maturer, de continuer à travailler, une fois que l’on revient dans l’exploitation… Au bout des 4 séances il se passe naturellement quelque chose » …

???? Ce sont des groupes non mixtes : c’est à dire, des groupes de femmes et des groupes d’hommes. « C’est très compliqué pour un homme de s’exprimer sur ses ressentis et ses émotions… En agriculture, c’est encore plus inhabituel… La représentation de l’agriculteur costaud, fort, qui ne doit pas se plaindre, dire qu’il a mal ou se montrer sensible quand ses bêtes partent à l’abattoir, est très prégnante. Il est donc indispensable d’avoir des espaces de parole distincts.

???? Ce sont des groupes fermés, c’est-à-dire « qu’une fois que le groupe est construit, il vit le processus ensemble, il n’y aura pas de nouveau participant en cours de parcours : c’est important de créer une bulle, une bulle de prise de recul »

???? 10 personnes maximum pour préserver la liberté de parole

???? Déroulé du programme :

???? La première séance, gérée par Anne, se concentre sur la prise de conscience de son corps, au fait qu’il existe et qu’il est bien là…

???? La deuxième session, gérée par Fabienne, est centrée sur les émotions : les reconnaître et apprendre à les lire pour mieux les accueillir

???? La troisième, gérée par Anne, consiste à expérimenter le lâcher-prise et comment on va aller chercher ses propres ressources. L’objectif est de faire ce pas de côté hors du travail et d’être connecté à autre chose afin de reprendre du discernement qui va servir sur l’exploitation ou à solutionner la problématique du moment.

???? La dernière, gérée par Fabienne, est axée sur la posture qui permet d’avancer. C’est vraiment une séance pour prendre pied et se réancrer dans l’action, en se basant sur l’écoute de son corps. Cette écoute suscite l’intention, le pas d’après, la direction vers laquelle se diriger…».