Géraldine Marichal est éleveuse de poule pondeuses label rouge en Seine et Marne. Mère de trois enfants, elle souhaite aujourd’hui s’investir à la fois dans sa filière et pour les femmes en agriculture. Une VoxDemeter à suivre absolument ????
VD : Géraldine, tu as évoqué dans un autre article que tu avais envie de t’investir pour les femmes en agriculture. Qu’entends-tu par-là ?
« J’ai réalisé que l’aspect féminisme agricole m’intéresse beaucoup… sans forcément rentrer dans la caricature non plus et en y allant à petits pas… J’ai pu constater, même autour de moi, que les femmes sont souvent la base arrière des fermes et que malheureusement on ne les voyait pas assez dans les interprofessions, dans les communications, dans les syndicats. Ce n’est pas seulement une histoire de visibilité, c’est aussi une histoire de prendre part aux décisions. Je crois que les femmes ont un rôle à jouer.
VD : Qu’est-ce qui semble « coincer » selon toi pour que les femmes aient une plus grande place en agriculture ?
« La culture du réseau entre hommes démarre très tôt en agriculture. Cela passe par la politique, le syndicat, la coop, la chasse et/ou le village. Beaucoup de réseaux s’entremêlent d’ailleurs. Les hommes sont vite à l’aise entre eux et accueillants vis-à-vis d’un autre homme. Ce qui n’est pas forcément vrai entre femmes….
VD : Cela veut-il dire que c’est plus compliqué pour les femmes et entre femmes ?
« Il arrive qu’on ne se fasse pas toujours de cadeaux entre femmes, je l’ai constaté… Peut-être parce qu’elles sont peu nombreuses dans certains cercles, elles ne parviennent pas toujours à s’allier entre elles, peut-être par peur de la concurrence ? Fort heureusement, elles ne sont pas toutes comme çà ! Mais pour moi, cela n’aide pas les rendre plus visibles, ni à ce que d’autres femmes s’impliquent plus. Et c’est dommage.
VD : La formation Farm’Her d’Hectar t’a telle permis de prendre conscience de l’importance de faire bouger certaines lignes concernant la juste place des femmes en agriculture ?
« J’avais des a priori sur les groupes en non mixité. Je pensais qu’on allait parler de chose assez futiles ! Je pense aujourd’hui différemment ! Ce sont des endroits importants où les femmes s’entraident et s’encouragent. Il faut donc créer plus de clubs féminins avec un programme de rencontres où les femmes grandissent ensemble en se donnant confiance pour tracer leur chemin. »
VD : En quoi l’éclosion de ces réseaux féminins est-elle stimulante pour le monde agricole ? Comment coconstruire des espaces mixtes régénérés ? Quel sont les pistes pour impulser plus de mixité dans le monde agricole ?
« En redonnant confiance aux femmes, les réseaux féminins jouent un rôle essentiel. Tous les espaces mixtes doivent prendre conscience que ces derniers représentent un vivier de compétences important ! Et sans passer obligatoirement par des quotas… J’aimerais entendre : on a besoin des femmes !
VD : Et donc faire appel à leur candidature plus souvent ? Le dire plus fort ? S’organiser pour leur faire de la place et les accompagner plus et mieux ?
« Je pense qu’il faut qu’il y ait une volonté politique pour les identifier et les intégrer mais aussi pour les accompagner. Il ne s’agit pas de dire voilà vous y êtes, en les jetant dans le bain et en les laissant se noyer ! Il faut leur donner les codes et surtout nommer suffisamment de femmes en même temps pour qu’elles ne se sentent pas comme un chien dans un jeu de quille… De leur côté, les femmes doivent elles aussi faire la chasse à leurs propres « réflexes ». Par exemple, en évitant de faire systématiquement le compte rendu de réunion, de préparer le café, d’organiser l’événement x ou y ou de réaliser la communication de l’organisation,…”
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