Post de Anne-Cécile Suzanne 

J’ai la chance d’avoir été nommée par les étudiants marraine de la 121ème promotion d’ingénieurs de l’ESA, L’Ecole supérieure des agricultures d’Angers. Ils m’ont demandé de placer ce marrainage sous la thématique de l’engagement.

Je suis donc intervenue hier auprès d’eux, pour leur parler d’engagement. J’ai découvert des étudiants passionnés, investis sur l’agriculture, l’alimentation, l’environnement et la société de demain, et d’une vitalité qui donne beaucoup d’optimisme pour l’avenir ! Ils m’ont rendue particulièrement fière d’être leur marraine de promotion.

Parce que l’engagement est l’affaire de tous, je leur ai rappelé qu’on s’engage au quotidien. Lorsqu’on effectue des travaux de groupe pour l’école, on s’engage vis-à-vis des autres élèves. Aimer, c’est s’engager.
S’engager n’a donc rien d’exceptionnel. Et ça a quelque chose d’incroyablement positif : il n’y a pas de doute, nous savons tous, chacun, nous engager.

La vraie question donc n’est pas : peut-on s’engager ? La réponse est oui, évidemment. La vraie question réside dans le « vers où s’engager » ?
Et de fait, je ne crois pas à une nature profondément positive de l’engagement. Il peut détruire autrui, notre environnement, notre société. Il peut nous détruire nous-même aussi, si on ne prend pas garde à nous demander, toujours, « pourquoi est-ce que je m’engage ? ».

La réponse est, j’en suis persuadée : pour être heureux. On n’est pas heureux à ne penser qu’à soi, à s’isoler du monde. Notre vie n’est qu’angoisse quand on ne fait que se demander : « pourquoi suis-je sur cette terre ? A quoi est-ce que je sers ? ». On est heureux à l’inverse quand on sait qu’on est à notre place, qu’on concrétise ce pourquoi on a envie d’exister.

Alors, pourquoi avez-vous envie d’exister ?
Ce peut-être pour votre famille, ou pour une cause qui nous tient à coeur. J’estime par exemple qu’on ne peut pas avoir la vie que j’ai, un pied dans une ferme, un pied à Paris, sans tâcher d’avoir un impact, sans tacher de construire un bout de pont entre la réalité de l’agriculture et le décideur, économique, politique, citoyen. C’est ça ma vocation collective. Et j’y vais, résolument, car construire ce petit bout de collectif a quelque chose de profondément épanouissant. Ca donne un sens à ma carrière professionnelle. Pour autant, garder en tête l’objectif n’est pas facile.
Car s’engager, c’est choisir ses combats. Et c’est sans doute ça le plus important, et le plus difficile. S’engager, c’est renoncer, aussi. On ne peut pas tout faire, se battre sur tout, sans quoi on se perd.
L’astuce, pour se repérer, encore une fois, est le bonheur. Si tu n’es pas heureux, c’est que tu n’es pas à ta place. Si te battre ne fait que t’enfoncer, c’est que la vie veut pour toi d’autres combats.

Alors voici le conseil que j’ai donné aux étudiants : bien sûr, engagez vous, mais surtout, soyez heureux dans votre vie, ne la subissez pas, cultivez votre bonheur, car c’est ainsi que votre vie portera des fruits