La sociologue Clémentine Comer, fine observatrice de l’évolution genrée en agriculture, a segmenté les agricultrices en quatre idéaux-types*. Celui des « héritières » caractérise des femmes qui reprennent l’exploitation, le vignoble ou l’élevage familial. Parmi les critères qui les qualifient, on peut retenir leur engouement et leur engagement particulièrement fort pour leur métier et leur région. Viticultrice en devenir, Joséphine Robert, Champenoise de 22 ans, nous fait ainsi partager avec émotion sa fierté de perpétuer le vignoble de ses grands-parents aux côtés de son frère Anatole. Pour autant, Joséphine aborde également les ajustement nécessaires pour faire sa place …

VD : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, Joséphine Robert ?

VD : Vous venez de rejoindre votre frère Anatole sur le domaine familial (voir photo ci-contre). Comment vivez vous votre arrivée dans la structure familiale ? C’est plutôt facile, difficile ?

 

VD : L’invisibilité des femmes est un thème prégnant de l’histoire de notre société. Encore aujourd’hui, sous des formes parfois subtiles, les agricultrices comme les viticultrices vivent dans l’ombre de leurs hommes – père, époux, frère en tant que “femmes de” , de ” filles, soeur ou belle-fille de ». Indispensable à la réussite collective, le travail des agricultrices peine encore à être reconnu à sa juste valeur malgré leur contribution économique constante. Si la reconnaissance de leur contribution et de leur travail tend à évoluer grâce aux différentes avancées juridiques et sociales, crier victoire serait une erreur… Plusieurs syndicats et réseaux agricoles dénoncent l’invisibilisation persistante des femmes en agriculture. Si plusieurs initiatives conjuguent leurs efforts pour mettre à l’honneur les femmes du secteur, il est également vrai que leur faible présence dans les instances décisionnelles agricoles ne permet pas suffisamment d’exprimer et de faire entendre leur vision et leurs attentes. Joséphine, avez-vous l’impression parfois vous aussi, d’être invisible ?

VD : Qu’est ce qui manque encore, selon vous, pour que les femmes en agriculture, en viticulture puissent s’épanouir pleinement ?